Historique de l’église Saint-Etienne de Cernay

Quelques repères chronologiques où il est question des « villas », du hameau, des vignes, de la paroisse et enfin de l’église de Cernay

1135 : Les « villas » de Cernay apparaissent pour la première fois dans un document de Murbach sous une locution qui laisse accroire que le « hameau ou les villas » de Cernay appartiennent à Murbach : « uillis nostris de senheim »[1]

Il est en effet  vraisemblable que Murbach soit à l’origine de la fondation de l’église de Cernay. De fait, dans la chronique des dominicains de Guebwiller, on lit qu’en 1539 encore, le 25 avril, les habitants de Cernay se rendaient en procession à Murbach. La tradition voulait en effet que pareille déférence soit rendue annuellement par les paroisses à leur institution fondatrice.  Mais les habitants de Cernay, trouvant ce pèlerinage trop pénible, entrèrent en pourparlers avec Murbach et parvinrent à s’en libérer moyennant une somme d’argent. Le chroniqueur, parlant du doyen de l’abbaye qui dégagea Cernay de ses obligations, ajoutait « so lieb war ihm das Geld » (tant il aimait l’argent)[2].

1144 : « vineas de sennenheim » : les vignes de Cernay sont citées dans la charte de fondation du monastère de Feldbach[3].

1185 : La paroisse de Cernay « parrochia in Senneym» est nommée en tant que telle dans un document de Lucelle[4]. La paroisse de Cernay faisait alors partie du diocèse de Bâle
1188 : La paroisse de Cernay fait cette année-là, entourer son cimetière par un mur. C’est le premier cimetière d’Alsace qu’on sait avoir été fortifié à l’initiative de ses habitants[5]

1271 : Dans une charte du 15 janvier 1271, Cernay (Senneheim) est qualifié d’oppidum (ville fortifiée).

1377 : La ville est entièrement détruite par les Anglais, mais on ignore si l’église échappe aux flammes, car dans les chroniques, il n’est pas fait mention de reconstruction de l’église.
1394 : La paroisse de Cernay est à nouveau mentionnée dans le liber marcarum du diocèse de Bâle qui contient l’inventaire des chapitres ruraux assujettis à l’impôt du diocèse. Dans l’inventaire elle figure comme paroisse du décanat de citra colles Ottonis.[6]
1428 : Le clocher est reconstruit dans un style semblable au clocher de Vieux-Thann encore visible aujourd’hui, qui est en fait une copie de celui de Cernay.


1272-1890 : la « première » église :
En 1752/1754 on sait qu’elle fut profondément remaniée et élargie.
Elle était alors orientée chœur vers l’Est.
En 1793, l’église devint Temple de la Raison, puis transformée en magasin de fourrage en juillet 1794. La loi de prairial de l’an III permit de rendre à l’église son affectation au culte.
De nouvelles cloches vinrent remplacer celles qui avaient été réquisitionnées.
En 1846, 24h après avoir été doté d’une toute nouvelle horloge, le clocher partit en flammes. Il fut reconstruit en 1850.

1891-1918 : la « deuxième » église :

En 1891, l’église déjà placée sous le vocable de Saint-Etienne, trop petite pour une population de près de 4500 habitants, fut démolie et rebâtie l’année suivante.
La guerre de 1914-18 causa des dommages importants : le clocher s’était effondré et la nef était en ruine.

1924 : la « troisième » et actuelle église :
Le 9 juin 1924, on posa enfin la première pierre de la nouvelle église sous la forme qu’on lui connaît aujourd’hui. Elle fut consacrée le 26 décembre 1925, le jour de la Saint-Etienne.
« enfin, il doit être connu de tous, que l’église dans son aboutissement actuel aura couté 3 millions de francs » (valeur 1938) [7] .

 

Sur la photo ci-contre, orientée Nord-Ouest, on reconnait encore le plan carré de la ville médiévale, avec au Nord-Ouest la porte de Thann.

[1] Document dans lequel apparaît pour la première fois la mention de notre villa de Cernay « uillis nostris de senheim » AHR H Murbach 64,1. Cette référence apparaît dans un excellent travail sur les noms en Alsace avant 1300 publié par les Archives de l’Eglise d’Alsace – Béatrice Weis 1993 page 11.

[2] Cernay, son passé, son présent de Joseph Depierre 1907 pages 109-110.

[3] Charte de fondation du monastère de Feldbach de 1144, par laquelle, Frédéric, comte de Ferrette , dote le monastère de plusieurs biens, dont les « uineas de sennenheim » AHR 1 D suppl 50 ZGOR.
Par le passé, une lecture erronnée de plusieurs historiens leur a fait lire « vicus » au lieu de « vineas » 

[4]Document dans lequel apparaît pour la première fois la mention de la paroisse de Cernay « parrochia Senneym »  AHR H Lucelle 135,3.

[5] Bulletin d’information de la Société pour la conservation des monuments historiques d’Alsace – Bernhard Metz n°5 – mars 1993, page 63. 

[6] Cernay, son passé, son présent de Joseph Depierre 1907 page 110.
Joseph Depierre note que Cernay figure dans le liber marcarum de 1394. Le liber marcarum est le résultat d’une commande de l’évêque de Bâle. Son rédacteur a terminé l’élaboration du liber marcarum en 1441. Mais il contient  des documents plus anciens, dont un urbaire qui remonte à 1394.

[7] Etwas Geschichte der Pfarrei Sennheim – Camille Tschirhart – 1946- page 65

1 rue de l’église
68700 Cernay, France