Les stèles de l’église Saint-Etienne de Cernay

Le patrimoine lapidaire ancien de Cernay n’est pas très riche. Seules nous sont parvenues quelques stèles et pierres tombales enchâssées dans les murs du narthex de l’église Saint-Etienne. Elles proviennent pour partie de la chapelle funéraire des nobles de Ferrette (Pfirt) accolée à l’église de Cernay du Moyen-âge. En 1892 lors de la reconstruction complète de l’église, la chapelle funéraire n’a pas été maintenue.
Cette chapelle funéraire tient sans doute son origine de Ulrich de Ferrette qui se vit investi pour lui et son fils Ulman par la maison d’Autriche en 1332 d’une cour située à Cernay avec toutes ses dépendances.

1385
La plus ancienne stèle date de la fin du XIVe siècle. Elle pourrait provenir du mausolée d’Ulman de Ferrette grand bailli d’Alsace à partir de 1342, décédé en 1385. Ce sont les armoiries des chevaliers de Ferrette qui sont représentées sur cette stèle. Ulman est chevalier de Ferrette, descendant d’une famille vassale de celle des comtes de Ferrette.

1545

La deuxième stèle nous montre les armoiries de Valentin de Ferrette et Marguerite de Vay 
Ces armoiries étaient initialement placées sur l’hôtel du couple.
Valentin de Ferrette se situe à la quatrième génération après Ulman de Ferrette.
Valentin de Ferrette fut bailli de Cernay.
Il disposait notamment de la prébende de la chapelle des Ferrette de Cernay qu’il assigna en 1539 à J. Gylet de Besançon.
Il décède à Cernay le 2 décembre 1548.

1556

Stèle de Guillaume de Ferrette décédé en 1556.
Guillaume de Ferrette se situe à la cinquième génération après Ulman de Ferrette.
Au centre armoiries des Ferrette (sires de Pfirt), De sable au lion d’argent armé et couronné d’or. L’écu timbré d’un casque de tournoi, couronné d’or et orné de lambrequins de sable et d’argent. Cimier: un buste d’homme de sable, barbu, à deux bandeaux flottants. En dessous une épitaphe :

Als man zalt MDLVI den anderen Juli starb der edel und fest Juncker Wilhelm von Pfirt dem Gott Genad.
« En l’an 1556, le 2 juillet, est décédé le noble et vaillant écuyer Guillaume de Ferrette. Que Dieu lui soit miséricordieux. »
Les armoiries :
Ferrette (Pfirt)
Uttenheim
Wetzel de Marsilien
Schoenau
Marschalk de Bâle
Seengen
Zorn de Bulach
Mullenheim

Vers 1589

Stèle de Mangold 1er de Ferrette dit Mang + entre 1589 et 1596 [1] [2]
Mangold est le frère de Guillaume de Ferrette cité plus haut. Il est à la cinquième génération après Ulman de Ferrette.
Le haut et le bas de la stèle ont été martelés, probablement lors de la période révolutionnaire, mais l’essentiel est encore déchiffrable, à savoir les 8 quartiers de noblesse du personnage et de son épouse.


[1] Michel Adam ; bulletin annuel de la société d’histoire et d’archéologie de Cernay et environs n°11 mars 2009 pages 27 à 32

[2] Mangold 1er est l’époux de l’arrière-petite-fille de Rodolphe de Wattwiller, donateur de l’enfeu de la Résurrection à Wattwiller

Les deux colonnes de gauche forment la lignée de Mang 1er
Les deux colonnes de droite forment la lignée de Clémence de Reichenstein son épouse.
On peut encore lire les noms des familles sculptés dans les phylactères qui entourent leurs écus.

– Ferrette (Pfirt)
– Uttenheim
– Wetzel de Marsilien
– Schoenau
– Marschalck de Bâle
– Seengen
– Zorn de Bulach
– Mullenheim
– Reichenstein
– Wattwiller
– Wittenheim
– Weitigen
 
– Schenk von Ehnheim
– Hallwyl
– Haus
– Klingenberg

Outre ces vestiges de la chapelle funéraire des chevaliers de Ferrette, quelques pierres tombales d’ecclésiastiques ont également été préservées.


1714
Stèle funéraire de Jean Etienne Lysch
La stèle partiellement mutilée, représente un religieux revêtu de la dalmatique (habit du diacre) et lisant un livre. La pierre est entourée d’une épitaphe : HIC IACET SEPULTUS REVD IOAN STEPHANUS LYSCH DIACON RIP OBIIT 19 DIE IANUARII ANNO 1714
« Ci gît inhumé le révérend Jean Etienne Lysch diacre. Qu’il repose en paix. Il est décédé le 19 janvier 1714 »
Remarquer la croix sur le pan de son étole : elle est le symbole du diacre. La couronne stylisée, surdimensionnée rappelle que le nom de saint Etienne, qui fut le premier diacre, signifiait « le couronné ».

1770
Stèle funéraire de Georges Aberlein  L’épitaphe du médaillon porte l’inscription : HIC SEPVLTVS IACET RTY” DNY” GEORGIVS.ABERLEIN.VENERABILIS” CAPITVLI CITRA”COLLES”(*) SECRETARIVS ET 32 ANNIS CVITATIS” PAROCHVS” VIR ZELO VERE PLENVS PIETATE AC DOCTRINA IN INSIGNIS VIR DVM VIVERET OMNIVM AMARE DIGNVS DVM MORITVR” TOTIVS CIVITATIS LACRYMIS PAENTATA. OBIT AET. 67 DIE 31 IVLI 1770 RIP.

« Ci-gît inhumé le très révérend père Georges Aberlein. Secrétaire du vénérable chapitre du pied des collines et curé de la cité pendant 32 ans, homme au zèle avéré, plein de piété et d’une doctrine remarquable. De son vivant, il jugeait bon d’aimer chacun. Au moment de sa mort, toute la cité était gagnée par les pleurs (lacrimis petenta). Il s’est endormi, âgé de 67ans, le 31 juillet 1770. Qu’il repose en paix. »

La paroisse de Cernay faisait autrefois partie du décannat de citra colles Ottonis (ou citra Ottensbühel : au pied des collines d’Otton), un des onze doyennés de l’évêché de Bâle ; (Ottenhoffen était un village autrefois situé entre Cernay et Steinbach (sur les collines))

1811
Stèle funéraire de François – Joseph Witz +1811 L’épitaphe du médaillon porte l’inscription : HIC JACET R.D. FRANCISCUS JOSEPHUS WITZ PAROCHUS ET RECTOR IN HOMBURG URBEM PATRIAM REDIENS PER XI ANNOS SACRA HIC FACIENS OBIIT DIE XXVII JANUARII MDCCCXI AETATIS SUAE 67 ANNORUM. RIP

« Ci gît le révérend François Joseph Witz curé et recteur à Hombourg. Il a rejoint la cité du Père après avoir officié ici pendant 11 années. Il est décédé le 27 janvier 1811, alors qu’il était âgé de 67 ans. Qu’il repose en paix. »

Dans la partie inférieure est représentée une pierre tombale (un crâne au bas) surmontée d’un calice avec une hostie rayonnante symbolisant l’eucharistie. L’étole du défunt enveloppe le pied du calice, reliant à gauche un vase avec son goupillon et à droite un chandelier avec cierge brisé.