Eglise Saint-Erasme d’Uffholtz : les vitraux

article mis en ligne le 19/03/2009 par Michel Flieg et mis à jour le 5/12/2022

La plupart des vitraux de l’église date de 1924 et provient de la vitrerie des frères Ott fondée en 1852 au quai des bateliers à Strasbourg.
En partant du fond de la nef , observons les vitraux commandés par le curé Alphonse Heck :  ils se lisent de bas en haut et sont souvent surmontés d’une allégorie.

Une paire de vitraux rappelant la grande guerre

Le premier vitrail à gauche représente le départ en exil de tous les habitants d’Uffholtz dans la nuit de Noël 1914, laissant ainsi le champ libre aux opérations militaires de la grande guerre. Dans le ciel, l’artillerie est déjà en action et une maison brûle au fond de la rue. Les habitants partent avec quelques affaires dans un baluchon ou dans une charrette. Une telle scène est rarement présentée sous forme de vitrail dans une église.


Le premier vitrail qui lui fait face, à droite, représente le retour des habitants sinistrés d’Uffholtz en novembre 1918. Un habitant dépité regarde la scène pendant que sa femme pleure. Le clocher est décapité. Des pans de mur émergent des décombres. Des toits sont criblés de trous. Une famille revient avec quelques biens entassé sur un char à bœufs.
Le curé Heck n’apprécie guère que le chanoine Tschirhart lui copie l’idée pour ses vitraux de l’église Saint-Etienne de Cernay qu’il place lui, dans le sens inverse.

Une paire de vitraux pour les paroissiens âgés

A gauche, près des derniers bancs jadis réservé aux femmes âgées, il y a le vitrail du purgatoire. Aux dires même du curé Alphonse Heck, qui en a choisi l’emplacement, il s’agit de rappeler que les péchés de médisance (Zungensünden) sont souvent l’apanage des vieilles commères et qu’ils conduisent immanquablement au purgatoire.
A droite, du côté des hommes âgés, lui fait face un vitrail présentant la « bonne mort » de Joseph. Il est de tradition de représenter Joseph mourant dans les bras de Marie, en présence de Jésus. C’est pourquoi Joseph est invoqué comme le saint de la bonne mort, puisqu’il a quitté la vie terrestre en si heureuse et douce compagnie. Un ange porte présente la couronne à Joseph, qui est de la lignée du roi David.

Une paire de vitraux pour les adultes qui doivent transmettre et travailler

Le troisième vitrail à gauche est dédié à sainte Anne patronne des couturières.
Dans le bas du vitrail, on remarque un petit panier avec des pelotes de laine et une grande épingle à nourrice.
Sainte Anne est représentée tenant un phylactère qu’elle lit à Marie sa fille. C’est pour rappeler que les femmes ont pour mission de transmettre leur savoir.
Un lys dans un vase, à droite, confirme qu’il s’agit bien de Marie encore enfant.
Dans le médaillon du haut, on en a la confirmation : les deux lettres A M (Ave Maria) et en dessous ORA qui signifie « prie ».
Dans la coupe, on remarque aussi la présence d’une quenouille et d’un livre ouvert, deux objets couramment tenus par Marie lors des scènes de l’Annonciation avec bien sûr, la flamme de l’Esprit-Saint (à gauche en rouge).
En face, à droite, le vitrail est dédié à saint Morand patron des vignerons (vers 1050-1075, 1115).
Dans le bas du vitrail, les lettres alpha et omega s’entrecroisent. Je suis l’alpha et l’oméga, dit le Seigneur Dieu.
Uffholtz est un village de vignerons. La scène centrale du vitrail présente un couple venant à saint Morand avec sa récolte. La femme présente une corbeille de raisins à saint Morand qui bénit cette abondante récolte fruit du travail des hommes.
Dans le médaillon en haut, une grappe de vigne au-dessus d’un calice.

Une travée dédiée à l’Eucharistie

Dans la quatrième travée, à gauche, trois petits vitraux laissent entrer la lumière sur une petite chapelle latérale. Elle abrite l’autel du Sacré-Cœur, dont la partie basse en marbre blanc finement sculpté n’est autre que l’ancien maître-autel de l’église de 1825 épargné par les deux guerres .
Le magnifique lustre en bronze doré a été acquis grâce aux quêtes des jeunes de la paroisse.
En face, une représentation de la Sainte Cène.
En bas, le monogramme IHS, Iesus Hominum Salvator (Jésus sauveur des hommes).
Au centre, Jésus institue l’eucharistie en présence de ses disciples. Au fond, Judas s’enfuit dans la grisaille.
En haut, le calice et l’hostie entre l’alpha et l’omega.

Les patrons de toutes les Missions

Le cinquième vitrail à gauche, est dédié à sainte Thérèse de l’Enfant Jésus également connue sous le nom de sainte Thérèse de Lisieux (1873-1897). En bas, la Croix avec un linceul vide, symbole de la Résurrection.
Dans la scène principale, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus qui vient d’être canonisée en 1925 est représentée avec saint François Xavier connu pour son élan missionnaire.
Dans le médaillon du haut, sainte Thérèse est représentée, tenant un bouquet de roses, dont certaines se sont échappées parsemant le monde. Car elle a dit, peu avant sa mort à 24 ans en 1897 : « Je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la terre. Après ma mort, je ferai tomber une pluie de roses sur toute la terre ».

En face, à droite le vitrail représente saint François-Xavier (1506-1552).
Pourquoi donc, aperçoit-on le Taj-Mahal dans le bas de ce vitrail ? C’est pour rappeler que saint François- Xavier est également qualifié d’apôtre des Indes pour ses activités missionnaires en Inde, au Japon et en Chine.
La scène centrale le représente en action missionnaire avec le peuple. A l’arrière, en grisé, s’avance sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Elle porte comme François-Xavier le titre de patron de toutes les Missions depuis 1927.
En haut, dans le médaillon, l’agneau pascal versant son sang dans le calice. Il est debout sur le livre aux sept sceaux. Il s’agit là de la vision de l’évangéliste saint Jean décrite au chapitre 5 de l’apocalypse.

Le sixième vitrail à gauche, représente sainte Odile, patronne de l’Alsace (vers 660-720). Dans le bas du vitrail, on remarque le blason du Haut-Rhin.
Sainte Odile, fille née aveugle du duc d’Alsace Adalric a recouvré la vue lors de son baptême. Sur ce vitrail, elle vient en aide aux indigents du duché d’Alsace.
Le médaillon, en haut du vitrail, montre le livre de la règle bénédictine sur lequel sont disposés deux yeux et la croix abbatiale, car sainte Odile était abbesse de Hohenburg sur le mont qui porte aujourd’hui le nom de mont Sainte-Odile.

A droite, saint Louis de Gonzague (1568–1591) patron de la jeunesse.
Dans le bas du vitrail, un rameau de lys, attribut de saint Louis de Gonzague.Au centre, on le voit entouré d’enfants auprès d’une croix de chemin.
En médaillon, la couronne de marquis à laquelle il renonce au profit du Sacré Cœur de Jésus en entrant dans la Compagnie des Jésuites.

Une paire de vitraux pour les enfants

Cette septième paire de vitraux représente à gauche sainte Elisabeth de Hongrie ou de Thuringe (1207-1231).
En bas, une croix surgit sur fond rouge.
La scène centrale présente Sainte Elisabeth parmi les enfants.
Dans le médaillon, on voit le cœur brûlant du Christ, sous lequel on lit Caritas (la charité) au-dessus d’un panier de pains destiné aux indigents.

A droite, saint Nicolas (vers 250-343) :
en bas, trois boules d’or sur un livre.
Saint Nicolas est souvent représenté avec un livre et trois boules d’or. Ces trois boules symbolisent les dots que Nicolas a secrètement données à trois jeunes filles, afin que leur père puisse les marier.
La scène centrale représente saint Nicola parmi les enfants.

Les saints patrons de l’église

Ces deux vitraux ornent le chœur de l’église. Ce sont les seuls vitraux qui ont réchappé des deux guerres et qui remontent donc à 1823.
A gauche, saint Erasme (vers 253-303), patron de l’Eglise d’Uffholtz.
La dédicace est ancienne. Dès la fin du XVème siècle, l’église est dédiée à saint Erasme. En Alsace, seule la chapelle de Blienschwiller partage cette dédicace depuis le XVIIème siècle.

Saint Erasme est le patron des marins et des pêcheurs. La légende rapporte qu’il a prêché calmement au plus fort de la tempête à bord d’un bateau de pêcheurs ne craignant pas la foudre frappant autour de lui.
Sous le règne de l’empereur romain Dioclétien, puis sous les persécutions de l’empereur Maximien Hercule, il subit un long martyre qui se termine par l’arrachage de ses intestins enroulés autour d’un cabestan. C’est ce qui est figuré dans le vitrail par un tortillon s’échappant de son manteau.
Il est donc aussi prié pour les maladies intestinales.

A droite, le second patron de l’Eglise d’Uffholtz est saint Antoine le grand (251-366).
Fondateur de l’érémitisme chrétien, saint Antoine est le saint patron de beaucoup de corps de métiers : les vanniers, les bouchers, les brossiers, les papetiers.

L’ordre des Antonins est fondé vers 1095. Il prend le « Tau » comme emblème. Les Antonins soignent ceux qui sont atteints du mal des ardents encore appelé ergotisme en réalité dû à un champignon : l’ergot du seigle. A cette époque, les porcs n’avaient pas le droit d’errer librement dans les rues, à l’exception de ceux des Antonins, reconnaissables à leur clochette. D’où la représentation de saint Antoine le grand avec un petit cochon et une clochette.

Une paire de vitraux destinée à la musique

Enfin, seuls les paroissiens qui montent à la tribune de l’orgue sont encouragés à l’embellissement instrumental des célébrations. Sainte Cécile à l’orgue et le roi David à la harpe attendent chorale et musiciens.