Eglise Saint-Jean-Baptiste de Wattwiller : la façade Nord

Vue du côté nord (côté de la Mairie), l’église de Wattwiller dévoile sa façade « historique » d’une manière magistrale avec, de gauche à droite : La chapelle  » Saint-Sébastien  » du XIIIème et XIVème siècle est dédiée à la confrérie des archers de Wattwiller (dont l’entraînement se déroulait sur le lieu-dit « Schützenrain « ). Elle présente une meurtrière à motif trilobé (visible en hauteur sur le mur nord de ladite chapelle).
L’intérieur de cette chapelle a retrouvé en 1980 sa configuration du XIIIème avec les colonnes en pierre taillée datées du XIIIème et une belle grille en fer forgé de 1980. A la base de la chapelle Saint-Sébastien, nous retrouvons, toujours à l’extérieur, la maçonnerie romane et à la base des contreforts actuels, en élévation, les contreforts romans de l’église romane primitive, dans la partie volontairement excavée du cimetière (en alsacien  » Kerchhof « ) nord.

A cet endroit, un demi-sarcophage de l’époque mérovingienne est encore visible.

Nous voyons également, protégée par une grille, une rare fenêtre géminée romane d’Alsace, avec colonnette centrale, de texture primitive, dégagée lors des fouilles de 1978. Cette fenêtre géminée éclaire l’intérieur de ce qui servait d’ossuaire au cimetière entourant l’église avant 1852. Dans cet « ossuaire » à voûte romane (à visiter) se trouvait la tombe d’un adolescent au cercueil cerclé de fer suivant la coutume funéraire du milieu du XIIIème siècle.

A gauche de la fenêtre géminée romane, se trouve une porte d’entrée gothique du XIVe siècle,donnant sur une crypte gothique qui recèle encore des tombes sous un dallage du XVIIIème siècle et des départs de voûtes du XIVème siècle. Cette partie de la crypte présente des traces de peintures d’avant 1914-18 et surtout, point historique majeur, un pan de l’abside semi-circulaire du chœur de l’église primitive, « mérovingienne » (450 à 750 après J.C.), alors que le choeur actuel est gothique. Cette crypte et la chapelle qui la surmonte étaient réservées aux nobles « de Wattwiller » avant que la première travée du bas côté sud ne devienne la « chapelle des Gohr » (les barons de Gohr étaient issus d’Appollonie de Wattwiller soeur du dernier des sires de Wattwiller mort en 1565 (*4)). La lignée de Gohr s’est éteinte entre les deux guerres.

A l’angle gauche de cette façade nord de l’église, en se dirigeant vers les magnifiques pans du chœur gothique actuel, on trouve à la base de la façade est une fenêtre géminée gothique aux fines ogives. Il est intéressante de repérer le niveau de l’église actuelle et celui de l’église romane (supposée mérovingienne), par rapport à celui de la cour du château d’Aboville située en contrebas et dont le style pays de Loire date de la reconstruction après 1918. Sur la droite de cette merveilleuse façade nord on découvre également les deux niveaux équilibrés de la nef et du clocher, les lignes verticales des contreforts et des fenêtres gothiques, et le rappel du roman par les fenêtres rondes au doux nom d’ « oculi »(c.à.d  » les yeux « ) qui couronnent la nef de perles scintillantes que le soleil levant ou couchant vient allumer. Nous y trouvons l’entrée de l’église la plus usitée, quoique au nord, et dont l’accès se fait par un espace occupé autrefois par un cimetière et quelques maisons, dont les restes sont enfouis sous le gravier rose.

Accolée à cette entrée, la chapelle nord dite « des femmes » (en alsacien  » Wiwerkapall « ), encore en service dans les années 1950, fut construite en 1852 en même temps que la chapelle sud dite « des hommes » (« Mannerkapall »). Les deux sont situées en flanquement de la tour massive du clocher à bâtière typiquement alsacien, conformément au vœu d’agrandissement du curé J.J. Spahr (1842-1855) et surtout grâce à ses dons personnels (sa tombe au cimetière est matérialisée par une dalle devant la croix centrale).

Déjà souhaité par nombre de ses prédécesseurs, l’agrandissement de l’église put être réalisé par le curé Spahr, après que Napoléon eut édicté l’obligation de déplacer les cimetières hors les murs pour des raisons d’hygiène et pour répondre à l’accroissement de la population.

(*1) source : 1481-1981 Cinquième Centenaire de l’église Saint-Jean-Baptiste – Mon clocher raconte -Pierre Riether Août 1981
(*2) source : Eglise de Wattwiller – Guide de visite – François Ebner – Septembre 2007
(*3) source : L’église de Wattwiller – Guide de visite en français & allemand – Fernand Luttenbacher – Août 2008
(*4) source : Les sires de Wattwiller et l’église Saint-Jean-Baptiste – Denis Ingold – Mars 2010