La chapelle Notre-Dame de Birlingen se trouve non loin de l’emplacement d’un tout petit village éponyme composé d’une chapelle et de quelques maisons. Ce village a aujourd’hui disparu. L’ancienne chapelle renfermait une Vierge réputée miraculeuse. A la Révolution, celle-ci put être sauvée par une famille Schnebelen qui la cacha longtemps dans un grenier à foin.
La famille Schnebelen s’allia avec la famille Xavier Augustin qui en fit don à l’église de Cernay. La famille disposait d’un remarquable assortiment de vêtements de la Vierge, adaptés aux temps liturgiques et continua à en assurer l’entretien.
La statue de Notre-Dame de Birlingen est actuellement dans le transept gauche de l’église Saint-Etienne de Cernay.
La chapelle ne se visite pas. Elle n’est ouverte qu’aux heures des offices d’été.
Mais l’histoire du site est bien antérieure. Dès le XIIIème siècle est citée la « cour de Burtlingen », dépendante de l’abbaye de Lucelle. Cette ferme cultivait la vigne et jouissait de certains privilèges. En 1531, il n’est pas encore question de chapelle, mais d’un oratoire (Bildstock), signalé dans un traité signé entre le cellerier de Lucelle et la communauté de Steinbach. Au XVIème siècle, la cour de Birlingen fut érigée en prieuré (Probstey). En 1585, Jean-Jacques Haas, chapelain de l’évêque de Bâle est le premier prieur attesté du prieuré de Birlingen. Une agglomération s’est formée sur le site, mais elle a, semble-t-il, assez vite périclité (avant la guerre de Trente Ans).
Tandis que Birlingen disparaissait en tant que village, le lieu connaissait son heure de gloire, aux XVIIème et XVIIIème siècles, en tant que pèlerinage. À partir de 1606 (date de la consécration d’une nouvelle chapelle), les habitants des environs y affluaient en processions, dans un ordre précis : ceux de Wittelsheim le samedi de la semaine des Rogations (au printemps), ceux de Cernay le jour de l’Assomption et ceux de Vieux-Thann le 14 septembre.
En 1793-1794, la chapelle et les deux dernières habitations furent vendues comme propriétés nationales à un fabricant de papier de Cernay .
En 180, celui-ci fit tout démolir et utilisa les matériaux de construction pour construire l’ancien bâtiment de la gendarmerie à Cernay.
En 1826, une sorte de calvaire fut érigé à cet endroit.
Au fil des rachats successifs, la propriété finit par revenir à Dominique Deiber.
En 1894, le calvaire fut transplanté sur la Lohe et Monsieur Deiber fit don à l’église de cette parcelle et y édifia une nouvelle chapelle. Elle fut inaugurée le 24 mars 1894 (1).
Détruite vingt ans plus tard, en 1914, lors des combats de la « cote 425 », elle fut reconstruite en 1930 sur le lieu-dit « Birling » et consacrée en 1932.
Aujourd’hui, les messes de semaine de Steinbach y sont célébrées pendant l’été.
Elle se situe aussi sur le chemin de Compostelle et les pèlerins peuvent la contempler au passage et y recueillir un tampon sur leur créanciale.
(1) Sur le mur Nord-Ouest est apposée une plaque avec l’inscription suivante :
Gloriose regnante Leone XIII promotore devotionis Sanctissimi Rosarii Adolpho Ep(iscopi) Argentin(ensis) Carolo Kieffer Parocho in Steinbach hoc Sacellum Reginae Rosarii (daba?)t
Familia Dominicus Deiber Anno Domini 1894
« Sous le règne illustre de Léon XIII, le promoteur de la dévotion au Très Saint Rosaire, en présence d’Adolphe évêque de Strasbourg et de Charles Kieffer curé de Steinbach, cette chapelle a été offerte à la Reine du Rosaire par la famille Dominique Deiber en l’an du Seigneur 1894 »
Sources :
archives de l’abbaye de Lucelle (21H20)
Cernay , son passé, son présent par Joseph Dépierre (1907)
Steinbach-Cernay histoire d’un vignoble par Denis Ingold (1986)
Birlingen, terre de pélerinages par Hervé de Chalendar ( 2012)