HOSANNA : un éphéméride pour le temps du Carême

Chaque jour, une nouvelle peinture de l’entrée du Christ à Jérusalem :


Jour 0 : JAMES TISSOT– l’ânon de Bethphagé

Quand ils approchèrent de Jérusalem et arrivèrent en vue de Bethphagé, au mont des
Oliviers, alors Jésus envoya deux disciples, en leur disant : “ Rendez-vous au village qui
est en face de vous ; et aussitôt vous trouverez, à l’attache, une ânesse avec son ânon
près d’elle ; détachez-la et amenez-les moi. Et si quelqu’un vous dit quelque chose, vous
direz: « Le Seigneur en a besoin, mais aussitôt il les renverra. »
Matthieu, 21 1-3 (Traduction Bible de Jérusalem)


Remarquons que dans les évangiles de Marc et Luc, les disciples réquisitionnent un seul
ânon…
Cette scène, qui précède l’entrée à Jérusalem, est très peu représentée. L’ânon de
Bethphagé est une aquarelle de 17 cm sur 23 qui se trouve aujourd’hui dans l’un des plus grands musées new-yorkais, le Brooklyn Museum.
Elle fait partie du grand projet de James Tissot : illustrer tout le Nouveau Testament en 350 images . Pour cela, il n’a pas hésité à se rendre au Moyen Orient en 1886, puis 1889 et 1895 pour étudier les paysages, l’architecture, les costumes locaux.

Jour 1 : IVOIRE BYZANTIN : l’entrée à Jérusalem

Cette belle œuvre en ivoire datée de l’an 1000 environ est aujourd’hui au Bode Museum de Berlin. Elle est représentative de l’iconographie de la scène, appelée L’entrée à Jérusalem.
Jésus avance assis sur un âne ; il esquisse un geste de bénédiction. Remarquons qu’il est assis à l’orientale, de côté comme sur un trône. Il entre comme un roi, mais sans aucun attribut royal.
Il est suivi par un groupe de personnes : ses disciples. Ils discutent entre eux, indifférents à l’événement. Pierre est reconnaissable à sa barbe bouclée.
Devant Jésus, une foule l’attend pour l’acclamer avec des branches de feuillage. Ici, elle est composée d’hommes, femmes et enfants.
Un arbre délimite la frontière entre la « montagne » dont descend Jésus (la colline du Mont des Oliviers en fait) et la ville de Jérusalem, dont on distingue la porte et les remparts. Deux enfants y ont grimpé.
A l’avant de la scène, d’autres enfants étalent leurs vêtements devant l’âne.
« Et beaucoup de gens étendirent leurs manteaux sur le chemin… » (Marc 11,8). Cette coutume se pratiquait pour rendre honneur à un roi.

HOSANNA
Ce terme est utilisé dans trois évangiles : Marc 11,9 – Mathieu 21,9 – Jean 12,13
Hosanna est la transcription en grec de l’hébreu « hôschî a-nâ » qui signifie « De
grâce, sauve-nous ».
Le sens primitif de cette expression est une demande de Salut.
Dans la langue liturgique, elle est devenue un cri de joie, de triomphe.
La grande croix placée dans les cimetières catholiques est appelée croix
hosannière.
Le buis est parfois appelé hosannier.
Brigitte

L’ENTREE A JERUSALEM
De prime abord l’histoire paraît simple.
Pour entrer dans la ville de Jérusalem, Jésus demande à ses disciples de lui procurer
une monture bien précise : un âne. On lui déroule le tapis rouge, en l’occurrence des
manteaux et la foule l’acclame en agitant des rameaux, des palmes.
Bizarre : d’habitude (dans les Textes) Jésus marchait, rien ni personne ne lui nivelait
le chemin et la foule le recherchait, le pressait mais sans démonstrations aussi
honorifiques.
Comme toujours le texte est riche en symboles. Cette entrée triomphale correspond à
la coutume antique de l’accueil d’un vainqueur. Cette entrée est un message de
victoire, de Salut. Le message du texte biblique annonce la victoire messianique de
Jésus sur la mort, le mal.
Chevaucher un âne a une signification que nous verrons par la suite.
Brigitte

Jour 2 : FRESQUE DE SANT ANGELO IN FORMIS

Cette fresque de la fin du 11ème siècle décore le mur sud de la nef de l’église Sant Angelo in Formis, tout près de Capoue (Campanie).
Le paysage est plat, et nous avons l’impression d’une scène qui se déroule comme une bande dessinée :
Les disciples sont à gauche, puis avance Jésus, assis à l’orientale sur son âne, et bénissant la foule qui l’acclame.
Des branchages ont été jetés sur le passage du cortège, sous les pas de l’âne : « D’autres coupaient des branches aux arbres et en jonchaient le chemin » (Matthieu 21,8) .
Des enfants étendent leurs vêtements.
Des hommes, des femmes et de nombreux enfants sont là à attendre Jésus devant Jérusalem.
Un enfant escalade un premier arbre et un autre enfant est déjà installé dans ce qui semble être un palmier et il en coupe des branches. Signalons que seul Jean (12, 13) précise : « ils prirent les rameaux des palmiers et sortirent à sa rencontre ». Dans les autres évangiles, pas de précision sur les arbres.
Admirons l’harmonie de bleus qui se répondent : bleus clairs ou plus foncés des vêtements et surtout le magnifique bleu du ciel.

LES EVANGILES
Ils se réfèrent à la parole du prophète Zacharie 9,9 :
« Exulte avec force, fille de Sion ! Crie de joie, fille de Jérusalem !
Voici que ton roi vient à toi : il est juste et victorieux,
humble, monté sur un âne, sur un ânon, le petit d’une ânesse. »
Comme toujours les quatre évangiles comportent des variantes dans le texte.
C’est normal : ils n’ont pas été écrits au même moment, ni par les mêmes personnes
et ne s’adressent pas au même public. N’oublions pas qu’ils ne sont pas une
biographie de Jésus mais qu’ils veulent transmettre un message théologique.
Marc 11,2 parle d’un ânon
Matthieu 21,2 d’une ânesse avec son ânon
Luc 5,30 d’un ânon
Jean 12,14 d’un petit âne
Vous verrez que les peintres connaissaient bien les textes.
Parallèlement nous allons donc nous intéresser aux ânes !
(Un peu de douceur !)
Brigitte

Jour 3 : L’EVANGELIAIRE d’OTTON II

Cette entrée à Jérusalem est tirée de l’Evangéliaire d’Otton III (fin 10ème-début 11ème
siècle) et se trouve aujourd’hui à la Bayerische Staatsbibliothek de Munich.
Elle est quelque peu inhabituelle, car se déroulant sur deux plans superposés : en
haut, Jésus sur son âne, tenant un rouleau dans sa main gauche et bénissant de la
main droite.
L’arbuste à gauche m’intrigue, de même que celui du bas…(si quelqu’un pouvait
m’éclairer…) Un personnage a grimpé dans le deuxième arbre et en a cueilli une
branche.
Dans le plan inférieur, l’on retrouve les deux groupes habituels. A gauche, les disciples
tenant également des rouleaux avec Pierre en tête qui désigne Jésus et fait ainsi le
lien avec le plan supérieur et en face deux personnages acclament Jésus non pas
avec des palmes, mais en agitant un vêtement.

L’ÂNE AU MOYEN-ORIENT
A la fin du IVe millénaire av JC : domestication de l’âne et invention de la roue
pleine.
Au milieu du IIIe mil. les bœufs tirent des chariots de matières lourdes (récoltes) sur
de petites distances. Les ânes et les mulets sont utilisés pour des trajets plus longs.
Au début du IIe mil. les marchands assyriens forment des convois d’ânes chargés
d’étoffes et d’étain.
Vers 1600 en Égypte, adoption du cheval et de la roue à rayons.
Au début du 1er mil. la domestication du dromadaire permet de traverser le désert
pour chercher l’encens en Arabie. A partir de ce moment-là, le commerce des
matières premières (N-S et E-O) prospère.
Dans les temps anciens, l’âne était une monture de prestige. Les rois faisaient leurs
tournées d’inspection assis sur un âne alors que le cheval était utilisé en temps de
guerre. Mais très vite l’âne servira de moyen de locomotion et de transport
populaire.

L’ÂNE DANS LA BIBLE
Le roi David ne dédaigne pas la mule comme monture (1R1,33).
L’âne en tant que monture royale est présent dans Jg 5,10 « Vous (les rois) qui
montez des ânesses blanches, assis sur des tapis,… ». Ce vieux chant s’adresse aux
chefs d’Israël.
Chevaucher un âne est non seulement un symbole d’humilité mais aussi un
symbole de paix.
Force est de constater que nous sommes loin de nos préjugés contemporains.
Et comme dit ThM, nous savons que les ânes rient !
Brigitte

Jour 4 : EGLISE ROMANE SAINT MARTIN DE ZILLIS en Suisse

L’église romane St Martin
de Zillis en Suisse est
célèbre pour son plafond
peint (1109-1114).
Y sont représentés dans
153 carrés de bois de 90
cm de côté, la vie de Jésus
jusqu’à la crucifixion, la vie
de St Martin ainsi que des
créatures fabuleuses.
A cause de la contrainte du
format, l’entrée à Jérusalem
est ici divisée en 5 carrés :

  • Jésus assis à
    califourchon sur son âne
    et bénissant
  • Un personnage étendant
    son manteau
  • Deux personnages de la
    foule agitant leurs rameaux.
    Les 2 autres carrés représentent un personnage dans un arbre coupant des rameaux et deux
    lévites avec encensoir et eau bénite (!)
    Pas de disciples, ni de ville à l’horizon.

Jour 5 : SAN BAUDELIO

Cette fresque peinte en 1125 se trouvait initialement en Espagne, à l’ermitage de San Baudelio de Berlanga. Vendue en 1922, transférée sur toile, il faut aujourd’hui aller à Indianapolis (Etats- Unis) pour l’admirer.
La première chose qui vous a certainement frappé, c’est que, pour la première fois de notre parcours, deux ânes sont représentés, conformément à l’évangile de Matthieu. L’ânon est la réplique de l’ânesse. Tous deux se délectent des branchages que leur tendent des enfants. On a presque l’impression que Jésus assis à l’orientale, chevauche les deux animaux à la fois.
Pour la première fois aussi, les disciples bien serrés ont, comme Jésus, une auréole ; simplement celle de Jésus est crucifère.
Pas d’arbres, pas de foule, la ville est également réduite à sa plus simple expression : l’accent est mis sur Jésus et ses disciples.

UFFHOLTZ

Un sobriquet partagé

Cernay, Steinbach, Uffholtz et Wattwiller composent notre communauté de paroisses.
Dans la tradition alsacienne, l’on sait que les gens d’Uffholtz sont prétendus être des ânes et ils portent ce doux sobriquet avec joie. Quelle est son origine ?
Dans ce village viticole avec des vignobles pentus, l’âne était utile pour les transports et les travaux.
Dès le Moyen-Age, les nobles d’Uffholtz, qui étaient conseillers de la ville de Mulhouse, ornèrent leur blason de deux oreilles d’âne.
Au XVIIe s. on trouve mention d’une anecdote : une femme s’est plainte que son mari préférait son âne à elle. Sur quoi son confesseur suggéra de vendre l’animal et de garder sa femme.
Dès le XVIIIe s. il est fait mention d’un propos outrageant en corrélation avec ce sobriquet.
En 1796, un rapport relève 120 ânes à Uffholtz, plus que dans les communes de Cernay, Steinbach et Wattwiller ensemble ! C’est dire que l’âne était omniprésent.
Uffholtz partage cette appellation contrôlée avec Kruth, Wuenheim ou encore Westhalten.
On sait bien que les habitants d’Uffholtz sont des ânes, mais l’on sait aussi que tous les ânes ne sont pas du village.
Tharcise

Jour 6 : LA MOSAÏQUE DE PALERME

Cette très belle mosaïque se trouve dans la chapelle du Palais des Normands à Palerme (12ème siècle).
Commençons par remarquer que la pente, soulignée par une bande de verdure, descendant du Mont des Oliviers vers la ville de Jérusalem sépare la scène en diagonale.
Jésus chevauche un âne blanc, il est assis à l’orientale, bénissant de la main droite et tenant un rouleau dans sa main gauche. Des branchages ont été jetés sous les pas du cortège.
Les disciples, auréolés et tenant aussi des rouleaux, suivent. Pierre a une place de choix, il est à côté de Jésus, il lui désigne la foule des notables de Jérusalem attendant devant les portes ouvertes de la ville.
Des enfants au premier plan : l’un est en train d’enlever son vêtement, le deuxième agite un rameau, les deux derniers étendent leurs vêtements.
Entre la colline et la ville et séparant le tableau par une ligne verticale se dresse un palmier. Son feuillage vert est signe de résurrection et les dattes signifient symboliquement que le Christ se donne en nourriture. Le personnage au manteau vert tient un rameau levé dans l’axe du palmier.

Jour 7 : DUCCIO de BUONINSEGNA

Tous les éléments de la narration de cette entrée de Jésus dans la ville sont représentés par Duccio avec précision, à commencer par l’ânesse (suivie de son ânon) que chevauche le Christ alors qu’il s’apprête à passer l’une des portes d’accès dans Jérusalem qui évoque immanquablement la Porte Romaine de Sienne ; clairement, Jérusalem, c’est Sienne à l’époque de Duccio !
Jésus est salué en tant que roi par une foule en liesse, vivante et enthousiaste. On croit entendre ses cris de joie.
Un personnage étend un manteau rouge devant le cortège, marque honorifique.
Certains ont apporté des palmes pour les déposer sur le parcours, d’autres ont grimpé aux arbres pour distribuer des branchages et pour mieux voir la scène.
Les apôtres suivent Jésus (comptez-les : ils sont onze et non douze ) : Judas s’est déjà éclipsé à la rencontre des grands-prêtres pour ourdir son complot).

Jour 8 : FRESQUE DE GIOTTO

La composition de cette fresque de Giotto (1305) décorant la chapelle des Scrovegni à
Padoue est très organisée et très hiérarchisée.
Jésus est vu de profil, bénissant la foule plutôt impressionnée qui l’attend.
Le geste de jeter des manteaux est représenté par étapes successives : l’homme à droite sort son bras de la manche, un autre passe son vêtement par dessus sa tête et le jeune homme agenouillé a étendu son manteau par terre.
Jérusalem est figurée par une porte encadrée de deux tours.
Les deux personnages dans les arbres ressortent bien dans le bleu intemporel et sans nuage du ciel.
Admirons aussi l’âne tendre et au regard très doux, comme le Cadichon d’un album d’enfant.
Au fait, avez-vous remarqué l’ânon presque caché, dissimulé par le groupe des apôtres ?

J’avance, comme un âne
Auteur : Cardinal Etchegaray

J’avance, comme l’âne de Jérusalem dont le Messie,
un jour des Rameaux, fit une monture royale et pacifique.
Je ne sais pas grand-chose, mais je sais que je porte
le Christ sur mon dos
et j’en suis plus fier que d’être bourguignon ou basque.
Je le porte, mais c’est lui qui me mène : je sais
qu’il me conduit vers son Royaume et j’ai confiance en lui.
J’avance à mon rythme. Par des chemins escarpés,
loin de ces autoroutes où la vitesse vous empêche
de reconnaître monture et cavalier.
Quand je bute contre une pierre, mon Maître doit être
bien cahoté, mais il ne me reproche rien.
C’est merveilleux comme il est bon et patient avec moi :
il me laisse le temps de saluer la ravissante ânesse
de Balaam, de rêver devant un champ de lavande,
d’oublier même que je le porte.


J’avance, en silence. C’est fou comme on se comprend
sans parler ; d’ailleurs, je n’entends pas trop
quand il me souffle des mots à l’oreille.
La seule parole de lui que j’ai comprise semblait être pour
moi tout seul et je puis témoigner de sa vérité :  » Mon joug
est facile à porter et mon fardeau léger. » (Mat. 11,30).
C’est comme, foi d’animal, quand je portais allègrement
sa mère vers Bethléem, un soir de Noël. Jules Supervielle,
le poète ami des ânes, l’a bien deviné :  » elle pesait peu,
n’étant occupée que de l’avenir en elle ».


J’avance, dans la joie.
Quand je veux chanter ses louanges,
je fais un boucan de tous les diables, je chante faux.
Lui, alors, il rit de bon cœur, d’un rire qui transforme
les ornières en piste de danse
et mes sabots en sandales de vent.
Ces jours-là, je vous jure, on en fait du chemin !
J’avance, j’avance comme un âne
qui porte le Christ sur son dos.

Jour 9 : PIETRO LORENZETTI

Ce qui frappe dans cette œuvre de Pietro Lorenzetti située dans la basilique inférieure d’Assise (1320), c’est le jeu de regards : les disciples se regardent, s’interrogent ; dans la foule aussi, on se parle, on discute. Jésus, lui, a le regard fixé vers plus loin, vers Jérusalem, mais aussi vers sa Passion. Deux taches d’un bleu sombre retiennent notre attention au milieu des tons plus doux et plus clairs : le manteau de Jésus et le ciel; là-aussi , prémonition …
Ce qui attire également notre attention : l’idée que Lorenzetti se fait de Jérusalem …
une ville très …siennoise comme le peintre et très médiévale (ce qui explique la présence d’une église bien avant l’heure !) . La ville occupe une bonne partie de l’œuvre.
Vous avez bien sûr remarqué l’ânon marchant à côté de l’ânesse, les personnages arrachant des branchages.
Rien ne manque à l’évocation de la scène décrite par l’évangéliste.
Un pur chef d’œuvre du Quattrocento.

L’ânesse de Balaam
Dans l’Ancien Testament, dans le livre des Nombres chapitre 22 versets 22 à 35 (Nb 22, 22-35) figure l’histoire de l’ânesse de Balaam.
Le roi de Moab fit appel à Balaam, devin mésopotamien qui reconnaît le Dieu d’Israël, afin qu’il maudisse les Israélites qui menacent son royaume. Mais Dieu interdit à Balaam de maudire Son peuple, car il est béni.
Après l’insistance du roi, Dieu accepta que Balaam se rende auprès du roi à condition que le devin fasse ce que Dieu lui inspirera. Malgré tout, le départ de Balaam excita la colère de Yahvé et l’Ange de Yahvé se posta sur la route pour lui barrer le chemin. Or l’ânesse vit l’Ange armé d’une épée. Elle s’écarta du chemin et Balaam la battit. L’épisode se renouvela trois fois.
(Comme toujours dans la Bible, répéter quelque chose trois fois atteste l’importance d’un fait ou d’une parole. Dans certaines circonstances nous utilisons encore aujourd’hui le nombre trois : sommations, avertissements etc…)
Alors Yahvé fit parler l’ânesse qui dit à Balaam : « Que t’ai-je fait pour que tu m’aies battue par trois fois ? » Il lui répondit qu’elle s’est moquée de lui. Alors Yahvé ouvrit les yeux de Balaam ; il vit l’Ange et se prosterna. L’histoire continua et Balaam se rendit chez le roi mais ne maudit pas Israël.
Retenons entre autres que l’ânesse a vu Dieu alors que l’homme ne l’a pas reconnu.
Brigitte, Francine et Tharcise

Rembrandt 1626

Jour 10 : Santa Maria Assunta à San Gimignano

Cette entrée à Jérusalem fait partie du magistral cycle de 26 fresques peint par Lippo et Federico Memmi sur les murs de Santa Maria Assunta à San Gimignano entre 1338 et 1340. Il est intitulé Storie del Nuovo Testamento (Episodes du Nouveau Testament)
L’accent est mis sur Jésus et ses disciples. Pierre est reconnaissable à sa clé, (« Je te donnerai les clefs du royaume des cieux. Mt 16, 19 ») et détaché des autres apôtres, il côtoie Jésus qui bénit avec 2 doigts. Les deux doigts tendus symboliseraient la double nature – humaine et divine – du Christ et les trois autres joints figurant la Trinité.
Jésus chevauche sa monture à califourchon. L’ânon trotte à côté de l’ânesse.
Le paysage devient plus réaliste, les arbres ressemblent à de vrais arbres.
Du fait des contraintes de format, la foule et Jérusalem ne sont pas représentés ici.
On peut admirer l’élégance du dessin, la délicatesse des couleurs.

LES PORTES
Dans l’Antiquité, le plan d’une ville moyen-orientale est différent de celui
d’une ville grecque classique. Les espaces libres y sont peu nombreux et
aucun n’est dédié à la vie politique comme le sont l’agora grecque et le
forum romain. Les archéologues pensent que les activités sont
rassemblées, dès l’origine, aux portes des villes.
Les portes des villes sont le lieu d’un grand nombre d’activités. On y
affiche le système des poids et mesures ainsi que certaines décisions
royales. C’est l’endroit où elles peuvent être vues de chacun. Les
passants y sont facilement contrôlés et refoulés si nécessaire. Les portes
sont des lieux de transactions. On y trouve des marchands, des
créanciers, des débiteurs et, bien sûr, des scribes. L’ombre des murs
protège du soleil ; on y flâne, joue ou discute.
De par leur décoration, elles participent à la représentation du pouvoir.
Une des plus célèbres est la porte d’Ishtar à Babylone. Elle est le point de
départ de la voie processionnelle qui mène au temple.
La porte est souvent mentionnée dans la Bible.
Le prophète Amos dénonce la justice mal rendue à la Porte (5, 10-15).
L’avis de Job était écouté près de la porte de la ville (29, 7-22).
Dans l’évangile de Jean 10,9 Jésus dit : « Je suis la porte. Si quelqu’un
entre par moi, il sera sauvé ; il entrera et sortira, et trouvera un
pâturage ».
Brigitte

Jour 11 : FRA ANGELICO

14ème tableau d’une série de scènes de la vie du Christ de l’armoire en argent (Armadio degli Argenti), autrefois dans l’oratoire du Santissima Annunziata à Florence, aujourd’hui au musée San Marco de Florence en 1450 environ par Fra Angelico.
Ce qui frappe dans ce petit panneau de 38 sur 37 cm, c’est le paysage montagneux et rocailleux
d’où émergent des arbres… le paysage a considérablement évolué, la perspective et la
profondeur prennent de l’importance. Le texte en latin explicite la scène.
Jésus en occupe le centre, enfourchant son âne et bénissant. Comme cela se fait traditionnellement, Fra Angelico attribue à Jésus une auréole crucifère. Il sera le Crucifié dans quelques jours. Le peintre revêt Jésus d’un manteau bleu, couleur de l’humanité et d’une tunique rouge, couleur de la vie, de la royauté et du sang versé.
Un minuscule ânon noir marche à côté de l’ânesse.
Tous ceux qui accueillent et suivent Jésus tiennent un rameau d’olivier. Parmi les disciples, on reconnaît Pierre et Jean, le seul classiquement représenté sans barbe pour marquer sa jeunesse. Les spectateurs semblent plutôt pensifs ou même inattentifs.
Comme toujours chez Fra Angelico, belle harmonie de couleurs claires et vives.

LES PALMES
L’évangile de Jean est le seul à parler précisément de palmiers. Jn 12,13
« Ils prirent les rameaux des palmiers… » Marc parle de jonchées de
verdure, Matthieu de branches et Luc ne dit rien à ce sujet.
Le mot se retrouve en allemand dans Palmsonntag et en anglais dans
Palm Sunday alors que le français a choisi Dimanche des Rameaux.
Le palmier dattier servait à de multiples usages dans le monde
méditerranéen, nourriture et matière première. Les Egyptiens utilisaient
des palmes dans les processions funéraires. Les Assyriens plantaient des
palmiers à l’entrée des palais. Les palmiers étaient sculptés sur les murs
des temples antiques du Moyen-Orient.
Dans l’une de ses visions, le prophète Ezéchiel (41,25) évoque les
palmiers sculptés sur les portes et les murs du Temple.
L’Apocalypse (7,9) présente les membres de l’Eglise « debout devant le
trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, des palmes à la
main ». A partir de là, dans l’art chrétien, les artistes ont représenté les
martyrs une palme à la main.
La palme est un symbole de victoire. Elle sert à honorer.
Aujourd’hui, entre autres, la palme est présente chez les anciens
combattants et l’Education Nationale honore certains de ses membres
en leur remettant les palmes académiques.
Brigitte

Jour 12 : GIOVANNI CANAVESIO

La chapelle romane Notre Dame des Fontaines à La Brigue (Alpes-Maritimes) date du 13ème siècle, elle a été bâtie sur les vestiges d’un temple païen en surplomb de 7 sources, puis au 15ème siècle, la maison des Ducs de Savoie fait réaliser par les artistes peintres de sa cour une série de 25 fresques. L’importance historique et la qualité de son décor peint sur ses murs par Giovanni Canavesio (un prêtre originaire de Pignerol, région de Turin) et Giovanni Baleison l’ont fait surnommer la « chapelle Sixtine des Alpes » (rien que ça …). La Passion du Christ est représentée le long de la nef et le jugement dernier orne le mur ouest de la chapelle.
J’ai choisi cette peinture pour l’ânon tétant sa mère …une image rare. Remarquez également que les arbres sont à l’intérieur des remparts.

Jour 13 : SCHOENGAUER


Une représentation rhénane de l’entrée à Jérusalem : celle de Martin Schongauer qui a une trentaine d’années quand il peint en 1480 ce retable composé de 24 panneaux carrés de 116 cm de côté.
Lorsque le retable était ouvert, sur les seize panneaux intérieurs figuraient la Passion du Christ depuis l’Entrée à Jérusalem jusqu’à la Pentecôte. Une fois fermé, le retable présentait au fidèle huit peintures illustrant le thème des Sept Joies de la Vierge à laquelle l’autel majeur des Dominicains était dédié. Ce retable figure aujourd’hui en bonne place au musée Unterlinden de Colmar.
L’iconographie de l’entrée à Jérusalem est classique : les disciples auréolés suivent Jésus. On reconnaît Pierre et Jean. Le Christ bénissant occupe le centre du panneau.
On l’attend à l’entrée de Jérusalem avec des rameaux, des manteaux sont déployés devant l’âne.
L’âne nous regarde en coin, il a l’air réjoui par son auguste mission et la liesse de la foule…

Les processions
Pratiquées depuis la nuit des temps, les processions font partie des
rites.
Un rite est la répétition rythmée d’un comportement collectif qui
organise et affirme les valeurs d’une communauté humaine. Le rite est
aussi nécessaire que le langage pour distinguer et constituer une
communauté humaine. Il structure l’hominisation.
Pour pratiquer un rite collectif, il faut une hiérarchie sociale. L’ordre
de cette représentation frappe l’imaginaire du peuple participant (on
ne défile pas n’importe comment).
Dans le domaine religieux, un rite est établi pour s’adresser à la
divinité qui fonctionne comme la source et la finalité (l’alpha et
l’oméga) de cette manifestation. Celle-ci réunit et fait communier les
participants.
Une procession est un acte de piété collective. Elle affirme une
cohésion sociale et le pouvoir de Dieu, mais aussi celui du clergé et
des dirigeants qui se mettent en scène. Cette démonstration est
amplifiée par les objets utilisés, les chants, la musique, la prière qui
contribuent à la solennité et à l’émotion des foules. N’oublions pas
que ces moments de fête ou de détresse demandent des préparatifs
plus ou moins longs, que l’on montre ses plus beaux atours pour
honorer, louer, remercier, solliciter Dieu, Marie ou un Saint.
Jusque dans les années soixante, les processions étaient courantes :
les rogations, les processions de reliques d’un saint patron, les
chemins de croix, la Fête-Dieu, les Rameaux, Lourdes etc…
Seules certaines traditions persistent aujourd’hui : les plus ancrées çà
et là…
Brigitte

Jour 14 : HANS HOLBEIN L’ANCIEN

Hans Holbein l’Ancien, 1501
Prédelle du maître autel de l église des Dominicains de Francfort, aujourd’hui au musée Staedel de Francfort.
Parmi les disciples, en plus de Pierre et Jean, on reconnaît Jacques, grâce à la coquille sur son chapeau.
Pour la première fois depuis que nous explorons le thème, l’âne est harnaché. Jésus est installé sur une selle et se tient au pommeau de la selle.
La foule est attentive et très recueillie, loin des Hosanna de joie.

PALMESEL
Nous sommes habitués à voir des crèches dans nos églises ou nos maisons. Autrefois dans les églises, certaines paroisses montaient en décor des « passions du Christ » sur le même principe que les crèches de Noël. Cela permettait de visualiser les événements décrits dans les textes bibliques.
Le dimanche des Rameaux, une procession importante vers l’entrée de l’église symbolisait l’entrée à Jérusalem. Les enfants, voire une confrérie spécialement créée pour cette mission, conduisaient une statue de Jésus juchée sur un âne en bois, le tout sur une plateforme en bois munie de roulettes.
Cette tradition remonterait au Xe s. et s’est développée entre le XIVe et le XVe siècle.
Cette procession était pratiquée en Alsace, en Allemagne du sud, au Tyrol en Autriche et en Suisse.
Les Pàlmesel ont été souvent détruits pendant la Réforme. En 1782, l’Eglise interdit ces processions mais elles ont perduré dans certains endroits jusqu’au XIXe s.
A Ammerschwihr dans le Haut-Rhin, les paroissiens ont continué à pratiquer cette tradition. La sortie la plus récente du Pàlmesel a eu lieu en 2019. Depuis, le virus s’en est mêlé et l’âne a dû rester confiné.
Tharcise
Question en suspens : après les destructions de la Réforme, quelle est la raison de l’interdiction par l’Eglise en 1782 ?

Le Pàlmesel du musée Unterlinden de Colmar

Jour 15 : GAUDENZIO FERRARI

L’œuvre choisie aujourd’hui figure sur la parete (le mur intérieur) du chœur de l’église Sta Maria delle Grazie à Varallo
dans le Piémont.
En 1513, l’artiste piémontais Gaudenzio Ferrari a décoré avec une extraordinaire veine narrative le mur sur 10 mètres de long et 4 de haut avec 21 scènes de la vie du Christ de l’Annonciation à la Résurrection. L’entrée à Jérusalem est située en haut à droite.
L’accent est mis sur l’essentiel : le Christ bénissant et son âne blanc qui occupent
presque tout l’espace. Du fait des contraintes du cadre, le nombre des disciples et des personnes dans la foule est réduit. Deux personnages au
premier plan sont presque couchés sous l’âne pour que ce dernier foule des
branchages et non le sol.

La bénédiction des rameaux
Le dimanche des Rameaux précède celui de Pâques et ouvre la semaine Sainte. Il
donne lieu à la traditionnelle bénédiction des rameaux.
Il est fait mention de ce rite pour la première fois vers 700. Il a été simplifié entre
1955 et 1975. Le pape Pie XII a souhaité lui donner un sens plus spirituel alors que le
folklore et la superstition étaient trop présents.
Les rameaux de la victoire (victoire du Christ sur le diable et la mort)
Autrefois on coupait un arbuste relativement haut. En Alsace, on prenait du houx, du
sapin ou du frêne. On y ajoutait du buis, du thuya, du coudrier (noisetier). Puis on le
décorait de rubans blancs et jaunes, couleurs de l’Eglise, de fleurs en papier, voire de
bretzels et de Bredla (petits gâteaux). Une fois bénis, ces grands bouquets étaient
plantés devant la maison en signe de protection.
Petite anecdote : on raconte qu’à Rouffach ces grands Pàlma atteignaient la tribune
de l’orgue… Et les choristes mangeaient les bretzels !
Aujourd’hui les fidèles peuvent choisir de simples petits rameaux mis à leur
disposition à l’entrée de l’église ou apporter des rameaux de leur jardin. Il s’agit
souvent de buis, de thuya ou de cyprès.
Le prêtre bénit les rameaux à l’extérieur de l’église, puis les fidèles entrent dans
l’église. On agite les rameaux au chant d’Hosanna en référence aux Textes de l’entrée
à Jérusalem.
Utilisation des rameaux
• On les accrochait dans le grenier ou à l’étable pour préserver de la foudre.
• On prélevait un petit rameau que l’on plaçait dans le bénitier sur la tombe
familiale pour l’aspersion d’eau bénite lorsqu’on se rendait au cimetière. La
couleur verte des plantes est une énergie positive. Le buis est associé aux
rites funéraires.
• Le plus souvent on les conservait derrière les crucifix dans les pièces de la
maison jusqu’au mercredi des Cendres suivant (début du carême), jour où on
brûle les vieux rameaux, car comme tout objet bénit, il ne peut être détruit
que par le feu.
• La bénédiction donne au rameau son pouvoir de protection de la maison et
de ses habitants.
Brigitte

Jour 16 : YAN VAN SCOREL

Cette représentation est assez particulière et unique. Le peintre néerlandais Jan Van Scorel nous offre un point de vue très novateur.
Ce tableau de 1526 est l’élément central d’un triptyque. Sur les côtés figurent les saints patrons de la famille Van Lokhorst, riches bourgeois d’Utrecht, commanditaires du tableau. Il est aujourd’hui au Central Museum d’Utrecht.
Nous sommes frappés par la diagonale descendante, par les personnages sur la pente et nous cherchons Jésus…
Le Christ sur son âne portant une palme est dans la partie supérieure, il n’est plus reconnaissable à son auréole. Le cortège se dirige vers Jérusalem, peinte en contrebas, dans un lointain un peu embrumé. Notons que Van Scorel a effectué un voyage en Terre Sainte, il peint la ville comme il l’a vue et non la Jérusalem du temps de Jésus.
Sur son passage, la foule est nombreuse, les femmes et les enfants sont présents, rien de protocolaire, beaucoup de naturel.
Il s’agit davantage d’une Descente du Mont des Oliviers vers Jérusalem que d’une Entrée à Jérusalem.

Jour 17 : L’ATELIER DE LA PASSION DU CHRIST

L’oeuvre d’aujourd’hui (1560) est dite du « Maître de l’atelier de la Passion du Christ », elle se trouve au Musée des Beaux-Arts de Lyon et s’inspire d’une gravure d’Albrecht Dürer de 1511 (Londres, British Museum).
On pourrait jouer au jeu des 7 différences, mais là n’est pas notre propos.
Admirons plutôt la précision du dessin, l’extraordinaire rendu de la scène, sachant que cette Entrée à Jérusalem est une plaque d’émail peint sur cuivre de 10 cm sur 8…

Une stèle pour l’âne
Dans le vignoble d’Uffholtz, là, exactement, où vous avez une vue splendide sur le village et ses alentours voire jusqu’aux pics suisses et les ballons de la Forêt Noire, un âne vous attend docilement… Il figure sur une stèle érigée en 1987 pour célébrer les 60 ans du Foyer Saint-Erasme.
Malicieusement, les membres de l’association ont utilisé le sobriquet des
villageois pour en faire leur mascotte. Le créateur de cet âne, Edmond Duchaine, lui a mis une fleur dans la gueule, histoire de lui donner cette allure amusante et joyeuse. Si le coeur vous en dit, allez vous promener en suivant le fléchage du sentier viticole.
Tharcise

Photo Th M/PRTL

Jour 18 : ANTOON VAN DYCK

Vous aviez certainement remarqué que le cortège des disciples se déplaçait de gauche vers la droite, sens de notre lecture et de notre écriture. Il fallait une exception : la voici !
Cette magistrale œuvre de Antoon van Dyck peinte en 1617 (aujourd’hui à Indianapolis, Museum of Art).
Ce qui frappe, c’est le cadrage resserré, les couleurs vives, les drapés, l’accent mis sur « les humains »; on a du mal à distinguer l’âne, sa tête est d’ailleurs dans l’ombre.
Le personnage à l’avant plan qui étend une branche sous les pas de l’âne nous tourne le dos, nous invitant ainsi à diriger notre regard vers Jésus qu’il regarde aussi.
Les signes religieux sont moins visibles, plus d’allusion à Jérusalem.
Tout est force, mouvement, puissance, dynamisme, ferveur…

Jour 19 : RUBENS

Cette œuvre de Pierre Paul Rubens (1632) faisait partie du retable de l’église St Rombault de Malines. C’est l’un des 2 panneaux de la prédelle (partie inférieure d’un grand tableau), le deuxième représentant le Lavement des pieds. Le grand panneau central représente la Cène et se trouve aujourd’hui à La Brera de Milan.
L’entrée à Jérusalem est exposée aujourd’hui au musée des Beaux-Arts de Dijon.
Quels mots vous viennent à l’esprit en regardant ce tableau ?
Assurément, les mots de mouvement, liesse, enthousiasme. Personnellement, je dirais aussi : urgence. Oui, la foule est pressée, elle avance rapidement en brandissant ses palmes. On a l’impression d’entendre le personnage tout à droite crier Hosanna, Hosanna.
Seul, le Christ vêtu de son manteau rouge a l’air de calmer le jeu, de rester serein.

L’âne aujourd’hui
Le rôle de l’âne n’est pas le même selon le degré de développement des pays. Animal de bât dans les pays pauvres, il devient animal maraicher ou animal de loisir dans les pays occidentaux.
– L’âne maraicher :
Économique, écologique et rustique, l’âne est de plus en plus utilisé par les petits agriculteurs, les maraichers et les jardiniers (notamment permaculteurs) pour travailler le sol. Associé aux outils de traction animale actuels, plus légers et plus ergonomiques, il est le partenaire idéal !
– L’âne promenade :
L’âne figure parmi les propositions des associations de tourisme, loué à l’heure, à la semaine, voire plus. L’âne est parfois choisi comme compagnon du pèlerin. Il porte alors le matériel de camping. On le rencontre sur le chemin de Compostelle ou ailleurs (film récent : « Antoinette dans les Cévennes »)
– L’âne, référence économique :
L’âne est à l’origine de produits cosmétiques ou alimentaires : savons, crèmes ou boisson au lait d’ânesse, (d’une composition très proche de celle du lait humain, utilisé pour l’alimentation des nourrissons ou des enfants présentant des intolérances ou des allergies au lait de vache)
– L’âne médecin :
La médiation asine est source de bien-être pour les personnes stressées, en difficulté ou handicapées. Une présence agréable, une sérénité… Autant de qualités qui font de l’âne un animal stimulant, revalorisant et source de bien-être. Sa taille modeste, sa lenteur, son sang-froid et sa contenance rassurent et permettent de construire une relation de confiance, sous l’œil avisé de l’ânier. « Il convient donc parfaitement à un travail de médiation » explique la Fédération Nationale Ânes et Randonnées/FNAR.
– L’âne régulateur de vitesse :
On le rencontre sur les routes où il prête son dos pour casser la vitesse des deux roues et des automobilistes.
Michel et Michelle

Jour 20 : CHARLES LE BRUN

Charles Le Brun était le premier peintre de Louis XIV. Il a décoré le château de Versailles. Ce tableau faisait d’ailleurs partie d’une série de 4 tableaux sur la vie du Christ peinte pour Louis XIV entre 1685 et 1689 (St Etienne, musée d’Art et
d’Industrie).
Mais rien de protocolaire ici: une scène de foule avec de multiples personnages, pleine de vie. On ne fait plus de différence entre les disciples et les autres personnages.
Notre regard est attiré par le manteau bleu de Jésus, ainsi que par le personnage
au manteau rouge, dos tourné, par les taches claires des vêtements des femmes
de la foule. Tous les âges sont représentés : du nourrisson au vieillard. On distingue un chien à l’avant du tableau.
Le paysage et la porte de Jérusalem sont en arrière plan.. Entre l’arc de la porte,
on distingue une partie du ciel bleu. Une ouverture symbolique …

HIPPOLYTE FLANDRIN La fresque de 1842

Cette fresque d’Hippolyte Flandrin orne la paroi gauche de l’église St-Germain-des-Prés
à Paris. Elle a été exécutée en 1842. Flandrin, peintre religieux majeur du 19ème siècle, a décoré d’autres églises à Paris, Nîmes, Lyon, sa ville natale.
Nous retrouvons l’iconographie classique : le cortège des disciples, Jésus au centre, auréolé et fixant son destin, la foule.
Le peintre s’est inspiré de l’évangile de Matthieu, puisque deux ânes sont représentés.
Les disciples portent de grandes palmes (allusion à leur futur martyre ?). ; la foule brandit des rameaux plus petits. Elle est fervente, à genoux, prosternée. Quelqu’un brandit son enfant pour qu’il soit béni.
Jérusalem est figurée à l’arrière plan, derrière ses remparts.

JEAN-LÉON GÉRÔME

On peut aller admirer ce tableau de Jean-Léon Gérôme (1897) au musée Georges-
Garret de Vesoul, la ville natale du peintre. Il faisait partie des peintres académiques
du Second Empire et est connu pour ses scènes orientalistes, mythologiques,
historiques et religieuses. Il a d’ailleurs été en Terre Sainte pour se documenter.
Jésus est attendu à l’extérieur des remparts de Jérusalem par une foule nombreuse,
dont quelques-uns, plus enthousiastes ou plus impatients se détachent ….
Des disciples, on ne voit qu’une personne à l’extrême gauche.

Jean-Léon Gérôme était aussi sculpteur. C’est évident dans la représentation de Jésus et des deux ânes : ils pourraient être sculptés dans le marbre …

Jour 23 : JAMES ENSOR : l’entrée de Jésus à Bruxelles

Nous avons changé d’époque ! Même le titre de la scène a changé : Entrée de Jésus à Bruxelles. Cette toile monumentale de 4m30 sur 2m58 du peintre belge James Ensor représente l’événement que serait l’arrivée du Christ dans la Bruxelles de 1889.
Dans une atmosphère de kermesse mêlée de défilé du 1er mai, accueilli par les slogans « Vive la sociale ! » et « Vive Jésus, roi de Bruxelles ! », le Christ auréolé s’avance au fond du tableau.
La société d’Ensor est une foule qui menace de piétiner le spectateur – une mer grossière, laide, chaotique et déshumanisée de masques, de clowns et de caricatures. Des personnages publics, historiques et allégoriques, ainsi que la famille et les amis de l’artiste, composent la foule. Le Christ auréolé au centre de la turbulence est en partie un autoportrait : un visionnaire précaire et isolé au milieu des masses de la société moderne, porte-parole politique des pauvres et des opprimés.
Le tableau resta très longtemps dans l’atelier du peintre. Il ne fut exposé publiquement qu’en 1929 et il est exposé au musée Getty de Los Angeles.
Cette œuvre est considérée aujourd’hui comme la plus importante de James Ensor.

Jour 24 : EMIL NOLDE

Emil Nolde, peintre expressionniste allemand, aborde les sujets religieux en
employant la technique de couleurs pures en aplats. Peu importe que les représentations ne soient pas traditionnelles, ce qui importe, c’est l’émotion très
personnelle que le peintre ressent face à l’histoire de Jésus, courageux et persécuté. Ainsi les tableaux religieux de Nolde ne doivent rien à l’iconographie traditionnelle. Ils reposent essentiellement sur l’intensité émotionnelle des couleurs.
Face à cet embrasement coloré, la sensibilité peut-être choquée, moins par les tempêtes de couleurs que par le choix délibéré de ne pas offrir aux personnages
bibliques les canons de la beauté classique.
Cette entrée à Jérusalem, de 86 cm sur 100, a été peinte en 1915 ; elle figure à la Nolde Stiftung de Seebüll, tout au Nord de l’Allemagne.

Jour 25 : MARC CHAGALL

En 1976, Marc Chagall est sollicité pour dessiner un immense vitrail (12m X 7m50) qui va occuper toute la façade ouest de la Chapelle des Cordeliers à Sarrebourg. Il a 89 ans et va s’atteler à la tâche. Le thème général est la paix : un immense bouquet aux tons
rouges, éclatants, un arbre de vie au cœur duquel Adam et Eve évoquent le paradis et la paix sur terre rendue possible par l’amour des peuples.
Autour du bouquet, les scènes représentées participent à l’élaboration du message
universel confrontant Ancien (Isaïe, tables de la Loi, Abraham, David) et Nouveau
Testament (crucifixion, sermon sur la montagne et entrée du Christ dans Jérusalem).
En raison du fond bleu et des lumières orangées brillant comme des lampions, une
ambiance de fête se dégage : la joie de toute belle journée, où les gens rient, sont
heureux, dans une atmosphère paisible et bon-enfant, comme dans les souvenirs
d’enfance de Chagall. D’ailleurs, juste au-dessus de la scène, David joue de la harpe.

L’entrée à Jérusalem se trouve tout en bas à gauche.

jour 26 : ARCABAS

De Jérusalem, on ne ne voit que la porte, qui attire l’attention : elle ouvre vers un lieu
clos, comme un tombeau (signe de mort), mais aussi comme un porche de gloire avec
son fronton couleur or (signe de résurrection).
Jésus, assis à califourchon sur l’âne, de profil et bénissant, avance vers cette porte qui
le mène dans la ville de Jérusalem. Il y est venu plusieurs fois, mais aujourd’hui cette
entrée a un caractère définitif. Il avance vers sa mort et sa résurrection.
Son habit va du bleu (humanité) au rouge (divinité), mais surtout une croix y est
esquissée.
Classiquement, les disciples suivent Jésus et la foule est de l’autre côté, criant et
applaudissant.
Vous avez bien sûr reconnu une œuvre d’Arcabas (1980), maître de l’art sacré
contemporain.

Jour 27 : CHARLES WALCH

Charles Walch a peint ce Bouquet des Rameaux en 1932. Il illustre parfaitement ce qu’était le Dimanche des Rameaux autrefois : la famille endimanchée se rend à l’église avec son bouquet de rameaux, décoré de rubans, de fleurs en papier et de …bretzels.
L’œuvre se trouve aujourd’hui au musée Unterlinden à Colmar.
Charles Walch est né à Thann en 1896 et est mort à Paris en 1948.
Son œuvre la plus connue est Le Coq, qui a illustré l’affiche du Salon d’Automne de Paris en 1935. Toutes ses œuvres sont très colorées, un bouquet y figure presque toujours.

ET APRÈS CELA …
Certaines expressions, comparaisons, métaphores utilisées aujourd’hui proviennent des textes bibliques. Exemples : le bouc émissaire, ne baisse pas les bras, garde la tête haute, rien de nouveau sous le soleil, voir la paille dans l’œil de son voisin mais pas la poutre dans le sien etc… elles sont légions.
Que disent les Textes après l’entrée à Jérusalem ?
Luc 19,40 nous fait remarquer que Jésus approuve les acclamations de la foule alors que les pharisiens lui demandent de la faire taire : « Je vous le dis, si eux se taisent, les pierres crieront »
Se taire ?!?…
Puis dans trois des évangiles (Mc 11,15 Mt 21,12 et Lc 19,45), nous pouvons lire le célèbre récit, dans lequel Jésus chasse les vendeurs du Temple !
Jean relate cet épisode au début de son Evangile (Jn 2,13-22) après les noces de Cana lors de la première Pâques.

Avant la dernière Pâques et après l’entrée à Jérusalem, Jean (Jn12,24) compare Jésus au grain de blé :
« En vérité, en vérité, je vous le dis,
si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas,
il demeure seul ; mais s’il meurt,
il porte beaucoup de fruit. »
Jésus annonce ainsi sa mort et sa résurrection.
Brigitte

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